Lambertine et Alapage

Permettez moi, ma tendre et douce suzeraine,
De m'inspirer pour trouver mes mots de la reyne
Que vous êtes. Mon esprit s'enivre à la vue
De vos boucles de la couleur des champs de blés,
De vos lèvres d'une rose jamais fanée,
De vos si beaux yeux dont je ne me lasse plus.
Comment un poète pourrait-il résister
A l'envie d'user d'alexandrins pour crier
La beauté d'une nymphe par les Dieux créée?
Mais voilà que je me rends compte qu'à nouveau
Je me suis laissé aller à dire le beau.
Qu'allez-vous me répondre dans les pas d'Orphée?

Ô, ma tendre et douce aimée, ma reyne Alapage
Je crains de ne m'être égaré depuis ce soir,
Où, ensorcelé tel la victime d'un mage,
Je sus la réponse que donnait le miroir.

Jamais je n'ai vu plus clair que depuis le jour
Où l'évidence s'est posée en mon esprit
Comme sur deux tourtereaux se pose l'amour,
Où de vous, et pour toujours je me suis épris.

Il m'est impossible de nier ce puissant,
Ce douloureux, ce magnifique sentiment,
Je serai l'ami à défaut d'être l'amant,
Et supporterai l'amour qui court dans mon sang.

Ô divine créature peuplant mes nuits,
J'ai juré un jour en cette festive ville
De vous défendre d'un soucis comme de mille,
Et le jour où je le trahirai n'est pas d'huy.

Je me refuse d'influencer la Fortune,
Bien que je brûle d'un désir jamais tari,
Malgré le rêve d'être un jour votre mari,
Jamais je ne souillerai les antiques runes.

Et pourtant, je vous fais une cour assidue,
Depuis des mois qui me semblent des décennies,
Vous servant et vous disant de la poésie,
Mais, vous ne fûtes, jamais, convaincue.

Je n'abandonnerai pas la rude bataille,
Et toujours, je vous dirai et ferais mention
Qu'Eros est la meilleure des médications
Et qu'il n'existe de maux de trop grande taille.